Le tissu métropolitain francilien n’est pas le tissu urbain. Le premier intègre des éléments que l’on ne retrouve pas dans le second. Le tissu urbain, celui de la ville possède une certaine continuité, continuité du bâti, continuité de l’espace public, continuité des parcours et des usages, du centre vers les limites administratives de la ville.
Si parfois l’on observe des continuités dans le tissu, des coutures dans les usages, à l’échelle métropolitaine, ce que l’on observe ce sont des ruptures mises en place par la géographie, des discontinuités et des traumatismes causés notamment par l’ossature des infrastructures de transport.
La ville et la métropole constituent deux réalités de territoire différentes. Des filtres qui interagissent, se croisent et se superposent. L’échelle métropolitaine n’est pas la négation des échelles inférieures du territoire, pas plus qu’elle n’est la ville étendue. Deux échelles nécessaires à comprendre et décrire l’expérience humaine contemporaine, renvoyant à des aspirations fondamentales et complémentaires. L’existence d’une tension latente entre le besoin fondamental d’habiter, de se situer, de construire du propre, et la nécessité de faire l’expérience du collectif et de l’appartenance partagée, du réseau, de s’affranchir des spécificités de l’espace.
Le saut d’échelle permet de saisir – dans la limite de ce qu’il est possible de représenter – l’existence d’une masse critique d’informations, de déplacements et de pratiques au sein d’un territoire dont les limites importent peu. Nous souhaitons construire un dispositif qui puisse produire de l’urbanité à partir de ce qui est proprement métropolitain, qui puisse transformer l’énergie cinétique dégagée quotidiennement à l’échelle métropolitaine, la translater dans les territoires qu’elle irrigue.
Traditionnellement habiter, c’est s’inscrire, entretenir un rapport d’attachement, de proximité et d’affection avec le lieu d’où l’on est, où l’on retourne. C’est le territoire du « je », qui trouve sa traduction en architecture dans l’allégorie de la maison, de la cabane ou du toit.
La compréhension que nous avons du fait métropolitain nous a amenés à construire une typologie d’habitat proprement métropolitain, en réponse à l’intuition que l’on n’habite pas la métropole comme on habite la ville ou le village. Que nous ne sommes pas « grand parisien » ou « francilien » au même titre que l’on est parisien, melunais ou courneuvien.
Nous avons utilisé la figure de l’hôtel et l’imaginaire chargé qu’il véhicule, comme des outils disponibles pour penser et accompagner le fait métropolitain. L’idée n’est pas de répondre à la crise du logement en Île-de-France en complétant l’offre hôtelière de la région Capitale, en multipliant ici et là ces lieux de résidence temporaire, mais en élaborant un dispositif partant des spécificités des territoires brassés dans la houle de la métropole, dispositif capable de réveiller ou d’activer des situations urbaines encore muettes au destin métropolitain.
Dans une démarche thérapeutique attentive, nous proposons de mettre en place des « Hôtels Métropoles » là où les structures présentes sur le territoire sont suffisantes, pour une pratique mobile et nomade d’un territoire étendu, non circonscrit. Des habitats à destination d’une population constituée de ce que nous avons appelé «les exceptions permanentes», désignant des populations, pas nécessairement précaires, qui, à un certain moment de leur vie, se trouvent dans des situations où habiter ne signifie pas nécessairement s’inscrire dans la durée.